- Poètes Marocains: Ali Khadaoui

 

 

Ali khadaoui

Ambassadeur des poètes amazighs

auprès des poètes du monde

 

Biographie : Je suis amazighe [berbère] du Maroc, né au Moyen Atlas vers 1953, un certain jour du mois de Septembre d'après ma mère. Ma langue et ma culture mères [orales] sont donc amazighes et c'est à travers elles que j'ai entendu mes premières berceuses, c'est en elles et par elles que s'est constituée mon identité, une identité dont je suis fier, et pour la survie de laquelle je milite depuis plus de trente ans. C'est à partir de cette identité que je peux m'ouvrir sur le monde et sur les autres sans complexe et que je peux enrichir le patrimoine universel, faisant mienne cette maxime de Saint-Exupéry : « Si je diffère de toi, loin de te léser, je t'augmente ».
Pour rappel, les premiers habitants de l'
Afrique du Nord, du Sahara Septentrional, des îles Canaries et même d'une grande partie de l'Egypte, se nomment « Imazighen », pluriel de « amazighe », ce qui veut dire « l'homme libre ».Ces habitants sont aussi connus par une appellation exogène qui leur a été collée par les envahisseurs romains: « les berbères ». Cette appellation a été reprise par les conquérants successifs, surtout les français et les arabes. Aujourd'hui, par le biais de la religion particulièrement, la minorité arabe -originaire du Proche Orient- a réussi à imposer son pouvoir, sa langue et ses valeurs sur toute l'Afrique du Nord, si bien que les Etats de cette partie du monde se définissent comme « arabes », ce qui constitue l'exclusion pure et simple des habitants autochtones -largement majoritaires- des institutions des Etat actuels.

 


Cette situation est dénoncée et combattue par le Mouvement Amazighe depuis les années soixante. Ce dernier essaie de renverser cet ordre colonial et de faire retrouver aux populations de cette partie du monde, une identité qui leur a été confisquée. Il réclame une constitution démocratique où la langue amazighe est reconnue langue officielle, dans un Etat démocratique, pluriel et citoyen. Il le fait par des moyens pacifiques, civilisés, dans le respect des principes des droits de l'homme, de la tolérance, de l'ouverture et de la fraternité humaine.
Dès mon entrée à l'école primaire en 1958, je n'ai pas compris ni accepté que ma langue et ma culture mères ne soient pas admises à l'école. C'est pour cela que j'ai adhéré très tôt au Mouvement Amazighe et que mon combat pour défendre les droits de l'amazighité n'a jamais faibli, au contraire. Progressivement, la recherche m'a permis de prendre conscience de l'histoire et de la civilisation amazighes, de percevoir leurs valeurs propres, de connaître les mécanismes qui ont conduit à leur exclusion dans leur pays d'origine, et ma détermination pour leur sauvegarde et leur revalorisation n'a d'égale que la peur de les voir disparaître. Je suis donc devenu à la fois -par la force des choses- chercheur spécialiste de la culture et du patrimoine amazighes, mais aussi artiste et militant de la cause amazighe. C'est qu'être amazighe aujourd'hui et vouloir le rester, est « nécessairement un acte militant, culturel, éventuellement scientifique, toujours politique », pour paraphraser
Salem Chaker, un éminent chercheur et militant amazighe .

 



Son nom est: 


khadaoui, en référence à la fraction « ikhaddaouine », pluriel de « akhaddaoui », de la tribu amazighe [berbère] des ait Maî, l'une des cinq tribus constituant la Fédération des ait « Harat », elle-même constituant l'une des huit Fédérations qui forment la Confédération des « Izayane », pluriel de « Azayi ».
La Confédération des «
Izayane » dont la capitale est Khénifra, appartiendrait selon beaucoup d'auteurs à la branche Sanhadja, très probablement une déformation de la prononciation amazighe de « iznagen », pluriel de « aznag », ce qui veut dire l'homme rouge. Actuellement, ce groupe « Sanhadja » occupe une immense superficie géographique au Maroc. Celle-ci va de l'Atlantique jusqu'au Sahara. D'après Léon l'Africain, cette occupation remonte au 16e siècle, époque à laquelle les grandes migrations des peuples berbères étaient achevées. On distinguait alors cinq branches : Sanhadja, Masmouda, Zenâta, Haouara, et Gumara.

 

Diplômes:


BAC Lycée Tarik Ibn Ziad Azrou - 1972 L.M
C.A.P.E.S 1er cycle C.P.R
Méknès - 1975 Français
Diplôme cycle spécial Cycle Spécial
Rabat - 1978 Français
D.E.A Anthropologie Univers.
Paul Valéry Montpellier- 1985 Culture amazighe
Diplôme C.N.F.I.E.S C.N.F.I.E.S [1
] Rabat -1987 encadrement-recherchePédagogique

 Doctorant en Anthropologie [Université d'Aix En Provence, France].

 

 

oeuvres poétiques d'Ali khadaoui

 

Aglmam imttawn



Ul inw
Illa digs yan aglmam imttawn
Amr irzim ad issuff isaffn

Azmz ayd yussin awal inu
Azmz ayt igran jaj iwaliwn yadn
Azmz iga iwaliwn enna ittinin tenna yuran
Dadigs etssawal tawukt
xf isndal imazighen

Ul inw
Iga tirrgin enna eg ighus yan urba amzzan
Yak ad yaki ukswat ad izr ayenna ikkan
Xf ugjjig awragh iqqurr s irifi
Allig gant tndlin n winna ittunghin
Am waman iddan gher ill
yak ad achkin tanggarut

Rix ad inix yits iwaliwn enna ur ejjin illin
enna gher mi ur illi umzruy
enna ur izrin mayd ikkan
Bar ad mghin eggudin emghurr awdn ignna

Innayi Moha
Han att init yan krad ekkuz
egg ixf n udrar
Han att init ism n waman

Han tiwtmin ennex ur da tirint ayenna

Inati may teggax i tizizwa enna ineqq ummarg
Inati may teggax tihit imazighen ittemrdall

Bdan ku yan maghr idda
Genn ku yan mag warga

Da ettunghan yan s yan
Dat en yan d yan

Ku yan da yall s tufra

 

Ur immut Moha Abehri

Emghar tessax a yismun inw ul inu yudn[1] a yismun inu gan tixat[2]
Emghar rux ur inni imettawn akked rarin ghuri ula neddu dix ghurun
Yak intel[3] wenna da isetsan yamz ghurun tamunt ay imazighen umur

Da ettru Tizi n Isli d Ughbala allig run ayt Umalu d ayt Rif
Da ettrun ichirran d emma nk a Behri run winna ettmun ed widday k iran
Etrunt a Zawit ur tsusimt ar ettinit memmi nw assenna eg idr achal
Mer ghurm atig a lixra ad cin imazighen ad am nini ad ur t ettawy
Ceyy a Oudads tusit tegmasn ayenna ettegt a tagmat i widda ira wul
Sussem a Hussa xu ettru hat tessent idis Moha ur ax igi bu imttawn,

Ennighak hat ur immut ghas argaz ur ijjin effirasn ayenna day isemghurn[4]
Izrid Moha a yismun inw eyenna yanx ettawyn an eddu dat en imassen[5]
Ha Biqca[6]datax ur temmut ha tamazight ella trun ixubas wadu
Hayawn amerwas ayd iga uya ghifun att tefrum[7]tassim addur n imak
A yismun n Moha u Bahri ila ghifun an mun aggan bnid untal enns
Anamz amur i ayt umur win imazighen enna igan igujill n umuttel[8]

Gat assn a acal i umeddakkl inu ku ma ur ufin dad eg tizza ur izill[9]
A ijj n ayt Wallal gat amnir[11] i Moha essktayn ul en wi da ittettun
Tamart en Behri ad ginn itran enn igan timitar i winna ed ittlalan.

[1] zeg « attan », adan, igh nca.
[2] Zeg "tixt"
[3] Zeg antal, intel[indel, tindalt, isendal:isental?]
[4] Zeg temgher, tixitert
[5] Tirzi n titt i wiss ikkatn xf tamazight
[6] Adlis amzwaru n Abehri
[7] Zeg afra, ifra amerwas
[8] Zeg "ettel": amuttel [une philosophie religieuse chez imazighen qui se résume à: amuttel ad yamz bab ennes, emk ur tyumiz ad yamz tarwa ennes, emk ur yumiz tarwa enns ad yamz irw n yirw
[9] Eddunit ur as ezzil ca ibehri
[10] Asklu enna da ittiri Abehri
[11] ca da issektayn midden xf ca izrin


Yarut ali khadaoui
Eg lknitra ass n 03-10-2003


Traduction:

Moha Abehri n'est pas mort

Même si je ris ô mes amis mon cœur pétrifié saigne
Même si je pleure les larmes ne sauront le ramener
Celui qui nous faisait rire et nous accompagnait ô imazighen a disparu

Tizi N Isli pleure ainsi qu'Aghbala ait Umalu et le Rif
Les enfants, ta maman, ceux qui te connaissent et t'aiment pleurent
Zawit est inconsolable et ne cesse de dire à ton enterrement : mon enfant !
Si la mort avait un prix, imazighen payeraient pour que tu restes
Toi, Oudades, tu l'as pris et fait ce que font les braves à leurs proches
Ne pleures pas ô Houssa, Moha n'a jamais été un pleurnichard

N'est mort que celui qui n'a rien laissé de glorieux
Moha nous a laissé le chemin tout tracé
Biqca n'est pas morte, tamazight pleure devant nous de tristesse
Voici une dette qui vous incombe de payer
Ö amis de Moha Abehri, s'unir c'est lui demeurer fidèles
Afin d'arracher les droits des imazighen qui sont encore bafoués

Ö terre ! sois clémente et miséricordieuse pour mon ami
Ö pistachier sauvage des ait wallal sois témoin et réveille ceux qui oublient
Et que la barbe de Abehri soit des étoiles témoins pour ceux qui naîtront.

Traduction de :
ali khadaoui

 

 

 

Sous la tente
Une femme pleure
en chantant:


Memmi nou [mon enfant]
Memmi nou aâggour inou [mon enfant chéri]
Mon enfant aux yeux de perdrix
aux yeux éteints pour jamais
jamais je ne t'oublierai

Cette terre que tu vomis
que tu aimes te déçoit
tu la chériras quand même

A la mémoire du poète oublié
J'arrose ces racines à l'agonie
à coups de mots
Témoins muets de tous les jours
Exilés dans la douleur amie
Ils remontent le temps jusqu'au vertige
d'où ils ne reviennent jamais

Que c'est beau la terre d'en haut
C'est à devenir fou
Seules des horreurs ont encore la force de courir

Que la vérité est fragile

L'alchimie du rêve
c'est qu'il supprime le clair de lune
pour y voir clair

Refusez de mourir
Dites je t'aime au premier passant

Au fond au commencement
Il y avait quoi au juste ghudane ?

Tu es la demeure que tu refuses
Tu es l'homme que tu maudis
Tu es tous les morts antérieurs
Tu es tous les hommes à venir
Tu es le chien qui aboie
Tu es le chêne qui prie
Tu es l'enfant qui pleure et qui rit
Tu es le paysan berger
Tu es le juif qui n'erre plus
Catholique protestant musulman
Arabe indien hindou iranien

C'est quoi au juste être un homme
quand chaque être de ceux qui le composent
est à lui seul un homme ?

Je rêve de désert comme d'autres rêvent d'eau
Et mes rêves se rient de moi
Comme la mer se rie du ciel
Ce qu'il faut à l'abeille pour faire du miel!
J'aime tant la vie
jusqu'à ses miettes
jusqu'aux graines les plus secrètes

Alors quand l'attente aura fini
de dire le temps
Le poète seul continuera
de chevaucher les monts
Non
Vue d'en haut
La terre est platitude
belle comme un moment
où l'on ne pense
à rien
Seuls les sots ont dit tant de certitudes

Tes yeux d'aigle et la mer et la nuit témoins
Quand tu pleures
C'est l'univers qui est endeuillé
J'ai peur pour toi
de toi

Quand les nuages s'embrasent
pour le bonheur de nos yeux
Quand les pigeons nous disent
avec des baisers
que la vie est belle
que l'homme et les cieux
ne sont ici bas que pour s'aimer
Satan gémit et sort son épée
Et les hommes finissent par s'entre-tuer

Et toi dans l'oubli des jours à l'infini
Misère des nuits qui n'a pas fini
de se succéder
comme les vagues sur la plage
C'est toi ce sable qu'elles déposent
et qu'elles emportent

Seules demeurent des gouttes de vie
Dans les yeux de ceux qui ont aimé

Dans mon coeur
Toutes les fées palpitent
comme les prés verts de la mélancolie
Enfant adolescent nostalgie
Tu pars toujours sans jamais arriver
de toi à toi
Et comme toujours au temps des labours
Tu lances les graines au visage des cieux
Et la roue tourne et tourne

A moins que la musique mente
Elle est peut-être la seule
qui a su
choisir
Dans les mots qui s'échappent
comme des oiseaux
qu'on libère
La rose se ferme
sur ses soupirs
Destin obscur
Eclair
Prêtre de lointains rivages
A travers le temps brouillé
Ecoute ce silence
Ignorance
Fantôme de la lune
Clé
Autre chose
et tout le reste
Etres anonymes
A l'abri des murs
Murmures
Dans les rues écorchées par le vide
de la multitude
Le vent a peur de rôder
et ne fait que passer
Seul l'homme a cessé de penser à sa mort
Ce rien qui s'accumule
et qui se nomme la vie

Il y a si peu d'hommes qui ont vécu

L'aube comme une glace a fondu
Souvenir d'hier
de demain
Seul le poète a su
regarder
à côté

ALI KHADAOUI

 






27/01/2009
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