- FESTIVAL DE POÉSIE D'EXPRESSION AMAZIGHE D'AÏT SMAÏL (BÉJAÏA)

FESTIVAL DE POةSIE D'EXPRESSION AMAZIGHE D'AدT SMAدL (BةJAدA)
 
  Le rendez-vous annuel des orfوvres du verbe amazigh
 
 
La 8e ىdition du Festival de poىsie d'expression amazighe en hommage ـ Mouloud Mammeri, organisىe par la dynamique et infatigable association culturelle Adrar n Fad, a pris fin, samedi aprوs-midi, avec la participation de 121 poوtes venus de 16 wilayas pour dىclamer leurs poوmes devant le jury composى d'enseignants de tamazight au dىpartement de culture et langue amazighes de l'Universitى Abderrahmane-Mira de Bىjaُa.
On note avec une grande joie la participation importante de la gent fىminine.
C'est pour la premiوre fois, aprوs huit ans, qu'Adrar n Fad enregistre la participation de 36 femmes poىtesses.
La compىtition fut trوs brlante cette fois-ci vu le niveau ىlevى des participants et participantes, pour reprendre le prىsident du jury, le docteur Kamal Bouamara.
Le Festival a ىtى couronnى par une cىrىmonie de remise de prix.
Le jury a nommى quatre laurىats et octroyى six prix d'encouragement.
Pour les laurىats de cette ىdition, le premier prix a ىtى remis ـ A.
Kader Ouali, le deuxiوme ـ Hocine Louni et le troisiوme ـ deux poوtes car ils ont obtenu le mيme classement (la mيme note), Fahem Doudi et Khaled Djilaila.
Quant aux prix d'encouragement, ils ont ىtى remis ـ Djoher Benmouhoub (pour sa fidىlitى au Festival), Salima Dali (dىsignىe le meilleur classى de la jeunesse), Khadija Mouhous (prix de la meilleure participante fىminine), Belkacem Osmane (prix de la participation de Tacawit), Abdellah Seddiki (prix de la participation de Tamaheght) et A.
Louhab Sahraoui (prix de la participation de Tawargrent).
Malgrى les moyens dىrisoires que possوde l'association, elle continue avec courage et conviction la tenue de ce carrefour culturel.
Dans son discours de clture, son prىsident, Monsieur Sadek Rebai, annonce aux poوtes l'organisation de la 9e ىdition en mars 2011 en invitant les grands absents des ىditions de l'Acaf ـ y prendre part.
Aُt Smaُl : terre fertile de la poىsie d'expression amazighe C'est la poىsie, cet art du langage qui consiste ـ la mise en jeu de toutes les ressources de la langue, afin de crىer pour le lecteur ou l'auditeur un plaisir ـ la fois intellectuel et sensible, que l'association culturelle Adrar n Fad veut revaloriser par le biais de l'organisation d'un Festival national chaque annىe, depuis maintenant huit ans.
Cette manifestation est dىdiىe ـ un grand homme de lettres qui a parfaitement oeuvrى pour la sauvegarde de cet art du langage amazigh et qui a travaillى beaucoup ـ diffuser la culture et la langue berbوres par ses traductions de poوmes et de contes (les Isefra, poوmes de Si Mohand, 1969 ; Poوmes kabyles anciens, 1980 ; Machaho, 1980), il s'agit bien ىvidemment, du pوre de "la Colline oubliىe" : Mouloud Mammeri.
Cette grande manifestation s'inscrit dans le cadre de la promotion et du dىveloppement du patrimoine culturel et de la sauvegarde de la richesse orale.
Mais aussi une opportunitى en or pour les jeunes talents dans le domaine de l'innovation dans l'activitى poىtique.
Ainsi, mيme si, comme le dit Baudelaire, la poىsie n'a pas d'autre but qu'elle-mيme؛, elle n'est pas une activitى futile, mais bel et bien une expىrience fondamentale de libertى, car grقce ـ ce rendez-vous, ـ la fois littىraire et poىtique, les jeunes talents trouverons un espace o ils peuvent s'exprimer ـ travers des journىes de rىcital poىtique et s'enrichir davantage grقce aux ateliers spىcialisىs dans le domaine.
Ce Festival de poىsie amazighe apporte une bouffىe d'oxygوne ـ la population locale pour ne pas dire ـ toute la Kabylie et mيme ـ toute l'Algىrie en leur faisant vivre des journىes riches en activitىs et en valorisant une rىgion, Aُt Smaُl, qui constitue un foyer et un haut lieu de la poىsie amazighe, tout en crىant une dynamique qui ىveillera les curiositىs.
En plus de la compىtition poىtique, l'animation culturelle de cette 8e ىdition ىtait au rendez- vous trois jours durant, notamment avec des chansons de la troupe de chorale Tarkeft n Tlelli de l'association, des reprىsentations thىقtrales locales de Tarkeft Ussirem et d' Ahellil de Gourara, une troupe venue de Timimoune et aussi des confىrences-dىbats animىes par Kamal Bouamara, Arezki Mىtref et Brahim Tazaghart.
Hommage appuyى ـ Lbachir Amelah et Mustapha Achouche En marge de ce Festival, l'association a rendu hommage ـ deux poوtes, en l'occurrence, Si Lbachir Amellah et Mustapha Achouche qui nous a quittىs l'annىe passىe juste quelques jours aprوs sa participation ـ la 7e ىdition.
Un geste trوs apprىciى par les participants Toujours fidوle au combat de Mouloud Mammeri Ce 8e rendezvous des militants de l'amazighitى a ىtى l'occasion pour l'association de rىitىrer sa revendication en invitant les participants ـ signer une pىtition pour que le 10 mars soit une journىe nationale de poىsie en hommage aux poوtes.
Le choix du 10 mars n'est pas fortuit car il reprىsente une date historique.
Il y a dىjـ 30 ans, le 10 mars 1980, Mouloud Mammeri a ىtى interdit d'animer une confىrence sur la poىsie kabyle ـ l'ancienne ـ l'Universitى de Tizi Ouzou.
Cet ىvىnement ىtait ـ l'origine des ىvىnements du Printemps berbوre de la mيme annىe.
Mouloud Mammeri, seul ىcrivain algىrien ـ n'يtre jamais passى ـ la Tىlى de son vivant؛ La confىrence animىe par l'ىcrivain et journaliste Arezki Metref sur l'engagement dans l'oeuvre de Mouloud Mammeri؛ fut ىmouvante et surtout pleine de rىvىlations.
Je le rappelle pour l'ىdification des gىnىrations prىsentes et futures, Mouloud Mammeri est le seul ىcrivain algىrien de cette envergure ـ n'يtre jamais passى ـ la tىlى de son vivant.
Je dis bien le seul.
Mيme Kateb Yacine, aussi sulfureux qu'il ait pu يtre, n'a pas subi cette marginalisation.
En dىpit de son franc-parler lىgendaire, tant mieux ! Mais Mammeri, jamais ! Pour qu'un homme, tenu pour un pestifىrى de son vivant, accوde ـ cette sollicitude post-mortem, quelque chose s'est passىe.
Eh bien, il a disparu.
Comme dit l'autre, maintenant, ils peuvent venir ! Mammeri leur faisait peur, pour sr.
Il n'ىtait pas une grande gueule.
Il n'ىtait pas un provocateur.
Il ىtait mيme tout le contraire.
Un type discret qui travaillait sur le fond, qui bقtissait sans en avoir l'air plus qu'une pensىe, une cosmogonie, dont la seule dىmarcheretour aux sources premiوres de ce pays, ouverture sur le vaste monde - ىtait un pىril pour la bien-pensante primitive ! ؛, ditil.
Interrogى sur la meilleure faهon de perpىtuer le souvenir de Mammeri, le regrettى Tahar Djaout prىconisait qu'on le lise.
 Je ne sais si un seul fragment de texte de Mammeri est enseignى dans l'ىducation nationale, mais si ce n'est pas le cas, il faut commencer par y remىdier avant de coudre des discours parfumىs aux larmes de crocodile.
Mammeri s'est battu toute sa vie pour que nous soyons des citoyens, pas des moutons de Panurge nourris par les rقteliers de l'allىgeance clanique؛, ajoute t-il.
Le cas de l'association Adrar n Fad et de son Festival Les docteurs et membres de jury Kamal Bouamara et Rabhi Allaoua ont publiى une contribution fort intىressante dans la revue de l'association (6e ىdition) o ils ont mis en exergue les mىrites de l'Acaf, Parmi ces associations, il y en a qui, pour ىviter de tomber dans le piوge des activitىs folkloriques, ont optى pour une seule action, annuelle mais rىguliوre.
C'est le cas de l'association Adrar n Fad, dans la commune d'Aُt Smaُl (Bىjaُa).
Les membres de cette association ont, depuis 2003, dىcidى de lancer un festival de poىsie d'expression amazighe et d'instituer un prix en hommage ـ Mouloud Mammeri.
En mars 2008, ils en sont ـ la 6e ىdition.
Il est vrai qu'elle n'est pas la premiوre association kabyle ـ avoir lancى un festival de poىsie.
Mais, sauf erreur de jugement de notre part, elle est l'une, sinon la seule association qui soit rىguliوre dans le temps et sىrieuse dans ce qu'elle entreprend.
Elle est, en effet, la seule association ـ avoir ىlaborى un rوglement intىrieur qui rىgit le concours qu'elle organise chaque annىe.
Avant de participer, les candidats prennent connaissance de ce rوglement (rىdigى en tamazight et traduit en arabe et en franهais) et s'engagent par ىcrit ـ le respecter scrupuleusement.
Le concours est composى de deux ىpreuves : l'une, l'ىcrit, est notىe sur 15 ; l'autre, l'oral, est notىe sur 5.
Chaque participant doit envoyer un tapuscrit en double exemplaire et contenant 3 poوmes, et doit les dىclamer devant un jury et le public prىsent dans la salle.
Inutile de prىciser que tout candidat qui n'est pas prىsent physiquement pour signer l'engagement ou qui est absent ـ l'oral est de fait ىliminى du concours.
Par ailleurs, restant inchangى depuis 2003, le jury, composى d'enseignants du dىpartement amazigh de l'Universitى de Bgayet (dont nous-mيmes), a jugى utile de rendre public ses critوres d'ىvaluation et de les soumettre au dىbat avec les participants au cours de tables rondes qu'organise l'association ـ chaque ىdition du Festival.
En marge du concours, l'association programme d'autres activitىs culturelles : expositions, confىrences, tables rondes, thىقtre, chant et musique؛, ont-il ىcrit.
Les retombىes du concours Dans leur contribution, les rىdacteurs se sont ىtalىs longuement sur les retombىes du concours.
Ces diffىrentes contraintes constituent l'ossature rىglementaire qui rىgit cette institution d'ordre artistique.
Venons-en ـ la pratique du Festival et ـ ses retombىes possibles.
D'abord, il y a le fait que tout se dىroule en tamazight, y compris les confىrences, les tables rondes et les dىbats qui s'ensuivent.
Ce contexte inىdit pourrait bien dىcomplexer nos Berbىroُdes qui prىtendent qu'on ne peut rien dire de bon ou de sىrieux que si on le dit dans la langue de Voltaire ou dans celle d'Al-Buhturi ; il pourrait ىgalement faire changer d'avis aux autres orateurs berbىroُdes dont le lexique se rىsume ـ azul fell-awen et tanemmirt.
Ensuite, il y a, au terme de chaque ىdition, des laurىats, c'est-ـ-dire des poوtes et poىtesses consacrىs.
En accord avec le jury, les responsables de Adrar n Fad ont instituى trois prix Mouloud- Mammeri (amezwaru 1er, wis sin 2e, wis krad 3e) et quatre prix d'encouragement : imezgi (le meilleur des assidus du concours), ilemzi (le plus jeune parmi les meilleurs), tamettut (la femme parmi les meilleurs), tantala (le (la) meilleur(e) poوte (poىtesse) dans un dialecte autre que le kabyle).
Ces prix d'encouragement sont dىcernىs aux poوtes les mieux classىs aprوs les trois laurىats.
Il va de soi que tous les participants, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, Kabyles et autres Berbوres, sont ىvaluىs sur la mيme base critىriologique.
Ce Festival constitue donc l'une des instances de consىcration des poوtes et poىtesses berbوres contemporains.
Par instance de consىcration, nous entendons qu'un concours de poىsie, codifiى et rىglementى, s'organise annuellement ـ Aُt Smaُl, lequel rassemble en moyenne et durant trois jours une centaine de poوtes et poىtesses issus de toutes les rىgions kabyles mais aussi d'autres rىgions berbىrophones (Aurوs, Chenoua, etc.
).
Ces poوtes et poىtesses, trوs motivىs et tous prيts ـ concourir, n'y participent pas seulement pour arracher des prix, bien que l'intention y soit, ce qui est lىgitime en soi.
Il en est en effet qui ne ratent aucune ىdition bien qu'ils n'aient eu jusque-lـ aucun prix ; beaucoup y viennent pour apprendre des autres ou pour mesurer leurs capacitىs ؛, pouvons- nous lire entre autres.
 Hafit Zaouche 
 
Source:http://www.lecourrier-dalgerie.com/papiers/culture.html#4


31/03/2010
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